Le film coup de coeur

Notre film coup de cœur pour ce 9 février 2018

Au Quai 22 – rue du séminaire Namur à 20 heures

le-casanova-de-fellini

Le Casanova de Fellini

Réalisé par Federico Fellini en 1976
Une appropriation du mythe de Casanova par le Maestro aidé au scénario par Bernardino Zapponi.
Avec :
Donald Sutherland, Tina Aumont, Cicely Browne, Margareth Clementi, Olimpia Carlisi…
Réalisé entièrement à Cinecitta dans des décors de Danilo Donati et Federico Fellini
Une musique de Nino Rota, l’indissociable compositeur de Federico.

Le pitch

casanova7

Au XVIIIème siècle, à Venise. Les rues, pontons et canaux sont animés
par le traditionnel carnaval qui déploie les pompes d’une grande fête
païenne. Giacomo Casanova, habillé en Pierrot, se rend à l’invitation
que lui a fait parvenir une coquette et coquine religieuse. Leurs ébats
érotiques sont observés par l’ambassadeur de France, De Bernis, amant
de la nonne et voyeur complaisant. C’est le point de départ d’une série
d’aventures galantes et sinistres racontées sans vergogne par le célèbre
séducteur.

Federico Fellini adapte les aventures du Don Juan Casanova et nous
apporte, avec ce film somme, sa propre vision du mythe. Une œuvre
impressionnante dans laquelle Donald Sutherland incarne un saisissant
Casanova.

FEDERICO FELLINI

casanova3

Issu d’une famille de la petite bourgeoisie de province italienne, Federico Fellini est né dans la station balnéaire de Rimini sur la côte adriatique. Durant sa jeunesse, il est marqué par le pouvoir, l’Église et le fascisme, ce qui se ressentira plus tard dans son œuvre (Amarcord, par exemple). Attiré par le journalisme et le dessin de presse, il s’installe en 1939 à Rome où il est engagé par un hebdomadaire humoristique à grand tirage, Marc’Aurelio.

Il fait ses grands debuts au cinéma comme script et assistant-scénariste de Roberto Rossellini pour le film Rome, ville ouverte (Roma, città aperta) en 1945. Si cette collaboration dure plusieurs années, Fellini travaille également aux côtés de Pietro Germi (Au nom de la loi, In nome della legge en 1948) et Alberto Lattuada (Sans pitié, Senza pietà en 1948). C’est avec ce dernier qu’il signe sa première véritable réalisation pour le cinéma : Les Feux du music-hall (Luci del varietà) en 1951, une œuvre, certes, fortement influencée par le courant néoréaliste, notamment pour sa peinture de l’Italie d’après-guerre, mais qui s’avère déjà très personnelle tant par le style que les thèmes évoqués : les artistes itinérants, la vie de bohème, les spectacles fauchés, les querelles de personne ou de cœur ridicules et les préoccupations quotidiennes futiles.

Un néoréalisme très personnel

En 1952, il assure seul la réalisation de la comédie Le Cheik blanc (Lo Sceicco bianco), dont le scénario développe un sujet pensé avec Michelangelo Antonioni, puis il tourne en 1953 Les Vitelloni (I Vitelloni) qui évoque le parcours de cinq jeunes oisifs, vivant aux crochets de leurs parents. Ce film impose définitivement l’univers fellinien.
C’est avec La strada, en 1954, que Federico Fellini obtient son premier succès international.
Dans ce film, comme dans Il Bidone en 1955 et dans Les Nuits de Cabiria (Le Notti di
Cabiria) en 1957, il met en vedette sa femme, Giulietta Masina. Dans La strada, elle joue le rôle de Gelsomina, une jeune fille simplette confiée à Zampanò (Anthony Quinn), un briseur de chaînes ambulant qui la brutalise et dans Les Nuits de Cabiria celui de Cabiria, une prostituée courageuse, mais naïve. Ces films restent encore fidèles à la thématique néoréaliste (description du petit peuple italien, des marginaux et de la vie de misère), mais s’en écartent en grande partie par leur regard poétique, mélancolique et onirique.

Le clivage

Marcello Mastroianni et Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi

Marcello Mastroianni et Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi

La dolce vita en 1960, qui prend le milieu mondain de Rome et les dessous de la presse à scandale en toile de fond, obtient la Palme d’or au Festival de Cannes. Ce film est un tournant décisif et marque sa rupture avec le néoréalisme. Il impose définitivement ce que la critique appelle, souvent à tort et à travers, le baroque fellinien qui définit les personnages (exubérants, extravagants, grotesques, difformes – caricatures vivantes, proches de la commedia dell’arte) et la narration (fragmentée, digressive ou circulaire, sans réelle progression dramatique). L’esthétique de Fellini cherche dès lors à alterner décor et lumière naturels, scénographie ostensiblement artificielle (stucs, plastique etc.), éclairage stylisé. Les maquillages et les costumes sont ostentatoires, de nombreux motifs carnavalesques sont déployés et chaque séquence tend vers la théâtralisation. Le traitement du temps prend également une forme inédite : le réel et l’imaginaire, le rêve et la banalité quotidienne, le fantasme, l’hallucinatoire et l’univers familier ou encore le souvenir et le temps présent se confondent allègrement dans une mosaïque de visions hétérogènes. Les thèmes deviennent plus ciblés : le chaos, les ruines de la civilisation, la décadence, la rupture temporelle, la parade sociale, les images d’enfance idéalisées ou fantasmées, l’angoisse métaphysique et l’évocation dramatico-bouffonne de l’Histoire.

L’énorme succès de La dolce vita, dont la musique lancinante signée Nino Rota et l’image légendaire d’Anita Ekberg déambulant dans la fontaine de Trevi font le tour du monde, lui permet de réaliser, trois ans plus tard, son film le plus personnel et le plus ambitieux, Huit et demi (Otto e mezzo). En livrant ainsi ses angoisses d’artiste en mal d’inspiration, ses délires et ses fantasmes de cinéaste à travers Marcello Mastroianni, son alter ego, Fellini propose une réflexion passionnante et dense sur la création artistique.

En 1962, il réalise aussi un sketch de 52 minutes pour le film collectif Boccace 70, Les
Tentations du docteur Antonio, sur l’obsession ambigüe d’un bigot pour une publicité
représentant une femme sensuelle et alanguie, interprétée de nouveau par Anita Ekberg.

Maturité

Avec son portrait de femme de la bourgeoisie italienne délaissée par son mari, incarnée par Giulietta Masina, dans Juliette des esprits qui mêle intimisme, mythologie et onirisme, puis la démesure de son Satyricon, d’après l’œuvre de Pétrone, Fellini est désormais débarrassé de l’héritage néoréaliste ; il plonge dans ses souvenirs d’enfance avec Les Clowns (I Clowns) en 1970, téléfilm sorti aussi dans les salles de cinéma, Fellini Roma en 1972 et surtout avec Amarcord en 1973, qui évoque son adolescence à Rimini, sa ville natale. La Romagne de Fellini rappelle celle de Antonio Beltramelli, né à Forlì, comme on la trouve dans Gli uomini rossi ou Il Cavalier Mostardo.
Le Casanova de Fellini (Il Casanova di Federico Fellini) en 1976, renoue avec le baroque du Satyricon ; et Fellini retrouve sa veine intimiste dans un nouveau téléfilm, également exploité dans les salles de cinéma, Répétition d’orchestre (Prova d’orchestra) en 1979.

Derniers films

Les années 1980 s’ouvrent sur La Cité des femmes (La Città delle donne), parabole sur la guerre des sexes et la communication rompue entre hommes et femmes. Suivent Et vogue le navire… (E la nave va…) en 1983, opéra funèbre, Ginger et Fred (Ginger e Fred) en 1985, satire féroce de la télévision et Intervista en 1987, un hommage au cinéma où il fait se retrouver Marcello Mastroianni et Anita Ekberg presque trente ans après La dolce vita.
C’est avec La voce della luna, en 1990, un film au climat crépusculaire que se clôt l’activité cinématographique de Fellini.
Lors des funérailles d’État à Rome auxquelles il a droit, le célèbre trompettiste italien Mauro Maur joue L’improvviso dell’angelo de Nino Rota.

FILMOGRAPHIE

Long métrage
– 1950 : Les Feux du music-hall (Luci del varietà) coréalisation avec Alberto Lattuada
– 1952 : Le Cheik blanc ou Courrier du cœur (Lo sceicco bianco)
– 1953 : Les Vitelloni ou Les Inutiles (I vitelloni)
– 1954 : La strada
– 1955 : Il bidone
– 1957 : Les Nuits de Cabiria (Le notti di Cabiria)
– 1960 : La dolce vita (parfois intitulé La Douceur de vivre)
– 1963 : Huit et demi (Otto e mezzo)
– 1965 : Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti)
– 1969 : Bloc-notes d’un cinéaste (Block-notes di un regista), documentaire TV
– 1969 : Satyricon (Fellini Satyricon)
– 1971 : Les Clowns (I clowns)
– 1972 : Fellini Roma (Roma)
– 1973 : Amarcord
– 1976 : Le Casanova de Fellini (Il Casanova di Federico Fellini)
– 1979 : Répétition d’orchestre (Prova d’orchestra)
– 1980 : La Cité des femmes (La città delle donne)
– 1983 : Et vogue le navire… (E la nave va…)
– 1985 : Ginger et Fred (Ginger e Fred)
– 1987 : Intervista
– 1990 : La voce della luna (parfois intitulé La Voix de la lune)

 felliniromaamarcord

Court métrage
– 1953 : L’Amour à la ville (L’amore in città) – sketch Une agence matrimoniale
(Agenzia matrimoniale)
– 1962 : Boccace 70 (Boccaccio ’70) – sketch Les Tentations du docteur Antonio (Le
tentazioni del dottor Antonio)
– 1968 : Histoires extraordinaires – sketch Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable (Toby Dammit)

lamouralaville boccace70histoiresextra