Le film du mois

À notre programme ce mardi 28 novembre 2023

Au Delta – Av. Fernand Golenvaux 18, 5000 Namur – 20h00

LA TRAVERSEE DE PARIS

Un film réalisé en 1956 par Claude Autant-Lara.

Claude Autant-Lara

Fiche technique

Film réalisé à partir d’un scénario de Jean Aurenche et Pierre Bost inspiré de la nouvelle éponyme de Marcel Aymé.  La musique est l’œuvre de René Cloërec, les décors dont de Max Douy, les costumes d’André Brun.  A la photographie, Jacques Natteau.

Le film a été produit par les sociétés de production : Franco-London-Film (Paris), Continentale Produzione (Rome) et distribué par la S.N.A Gaumont (France).

C’est une comédie dramatique d’une durée de 80 minutes tournée en noir et blanc.

Distribution

Jean Gabin                          Grandgil, l’artiste peintre

Bourvil                                 Marcel Martin, chauffeur de taxi au chômage

Louis de Funès                   Jambier, l’épicier

Jeannette Batti                   Mariette Martin, la femme de Marcel

Georgette Anys                 Lucienne Couronne, la cafetière

Robert Arnoux                   Marchandot, le boucher charcutier

Laurence Badie                  la serveuse du restaurant

Monette Dinay                   Mme Jambier, l’épicière

Le synopsis

Le film repose sur le thème du marché noir en France pendant la Seconde Guerre mondiale qui s’organise durant l’occupation de la France par l’armée allemande entre 1940 et 1944.

L’action du film se déroule à Paris en 1942, alors occupé par les Allemands et narre les aventures de deux hommes, Martin (Bourvil) et Grandgil (Jean Gabin), lesquels défient le couvre-feu pour livrer du cochon au marché noir.

L’expédition nocturne est émaillée d’incidents. Ainsi, dans un café où Grandgil et Martin se sont réfugiés pour éviter une patrouille de police, Grandgil prend à partie le patron et la patronne de l’établissement (car ceux-ci exploitent éhontément une employée juive), puis il s’en prend aux clients qu’il traite de « Salauds d’pauvres ! »…

Bon à savoir

C’est la première rencontre cinématographique de Gabin et Bourvil tandis qu’il s’agit, pour la troisième fois, de la confrontation de ce dernier avec Louis de Funès.

Si un seul cochon apparaît dans le film, huit sont nécessaires pour mener à bien le tournage, ces animaux ne supportant pas longtemps l’intense lumière des projecteurs de l’époque car cela provoque chez eux des lésions cérébrales. Chaque matin, un boucher voisin doit livrer aux Studios de Joinville, un cochon vivant qu’il abat le soir-même.

La libération de Paris est illustrée à la fin du film, par un extrait du défilé du 11 novembre 1944.

En France, le film fait l’objet d’une controverse car il brise plusieurs tabous dans sa description de l’Occupation. Les représentations antérieures étaient des drames héroïques faisant apparaître la Résistance française comme presque unanimement soutenue par le public. Le film « La Traversée de Paris » innove avec un humour noir, sa représentation cynique du marché noir ainsi que celle des collaborateurs qui apparaissent comme des gens ordinaires.

Dans le film, Grandgil et Martin doivent faire six kilomètres (huit selon Grandgil) de la rue Poliveau à la rue Lepic, via le quai Saint-Bernard, le pont de Sully, la rue de Turenne, la rue Montmartre et la rue Saint-Georges.

Ce film est également important pour la carrière de Bourvil, dont le rôle le sort de son emploi de comique primaire et qui l’établit comme un acteur majeur.  Il remporte d’ailleurs la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise en 1956


Jean Gabin

1904-1976

Jean Gabin incarne dans les années 1930 l’homme du peuple, ouvrier, titi parisien, au temps du Front populaire57 : on le retrouve ainsi successivement chômeur dans La Belle Équipe (1936), spahi dans Gueule d’amour (1937), petit truand dans Pépé le Moko (1937), déserteur dans Quai des brumes (1938), cheminot dans La Bête humaine (1938), ouvrier dans Le jour se lève (1939).

L’image de l’acteur s’est parfois confondue avec celle, mythique, de ses personnages qui se sont imposés dans l’imaginaire collectif du public français au cours du XXe siècle. Les différents personnages joués par Jean Gabin, archétypes professionnels ou sociaux, sont inscrits dans l’histoire du cinéma (l’ouvrier gouailleur avant-guerre, le patriarche bourru à partir des années 1950).

Dans les années 1960, les films qui mettent en scène Jean Gabin témoignent aussi d’un rejet, au cinéma, de la transformation de la France. Il apparaît dans un certain nombre de films dans lesquels la construction des grands ensembles vient détruire peu à peu le monde dans lequel il vivait59. Dans Rue des prairies de Denys de La Patellière, le personnage de Gabin, qui habite une rue de Paris faubourienne et populaire, est contremaître sur le chantier des Sablons, à Sarcelles. Il est ainsi amené à construire les structures de ce qui va détruire le monde ancien dans lequel il vit, dans le XXe arrondissement de Paris. C’est aussi le cas de Mélodie en sous-sol en 1963, où il ne retrouve pas son pavillon au milieu des barres d’immeubles de Sarcelles nouvellement construites, ou du film Le Chat en 1970, où il vit dans un pavillon qui a vocation à être détruit pour faire place au quartier de La Défense.


André Raimbourg dit Bourvil

1917-1970

Fils d’agriculteurs normands, il admire Fernandel et tente de devenir artiste lui aussi. Au départ musicien et chanteur de music-hall et d’opérette, il connaît le succès à la Libération avec la chanson Les Crayons et en se créant un rôle caricatural de paysan normand naïf et benêt, puis avec d’autres chansons, sur deux décennies, comme À bicyclette, Salade de fruits, Un clair de lune à Maubeuge et La Tendresse.

En parallèle, il se tourne rapidement vers le cinéma, où il transpose son « comique-paysan », dans des comédies.  Son personnage évolue peu à peu, puis sa carrière prend un tournant grâce à son rôle dramatique d’un chômeur faisant du marché noir sous l’Occupation dans La Traversée de Paris (1956).

Dès lors, il accède à un statut de vedette populaire au répertoire large, alternant les drames et les comédies jusqu’à sa mort en 1970, un grand nombre de ses films s’établissant comme les succès de l’époque ou devenant des classiques du cinéma français.

Bourvil meurt à l’âge de 53 ans le 23 septembre 1970, au milieu des siens, dans son appartement parisien du boulevard Suchet (16e arrondissement).  Le Cercle rouge et Le Mur de l’Atlantique sortent seulement quelques semaines après sa mort, et sont des triomphes.