Le film du mois

À notre programme ce vendredi 25 octobre 2019

Au Quai 22 – rue du séminaire à Namur – 20 heures
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PAIN, AMOUR et FANTAISIE

Un film italien de 1953 réalisé par Luigi Comencini sur un scénario de
Ettore Margadonna et Luigi Comencini. La photographie est signée Arturo
Gallea. La musique est due à Alessandro Cicognini.
Ce film en noir et blanc est d’une durée de 88 minutes.

Les interprètes

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Gina Lollobrigida                                         Maria de Ritis, « La Bersagliera »
Vittorio de Sica                                             Le maréchal Antonio Caratenuto
Marisa Merlini                                              Annarella Mirziano
Roberto Risso                                                Le carabinier Pietro Stelluti
Tina Pica                                                        Caramella, la domestique

Le synopsis

Le début des années ’50. Dans un petit village des Abruzzes, au centre de
l’Italie le maréchal Caratenuto, fraîchement affecté là, est un vieux beau
encore vert. Il pense qu’il serait bien temps de se marier et tente de
séduire la fille la plus belle et la plus pauvre du pays. Celle-ci
malheureusement pour lui, est déjà amoureuse d’un jeune carabinier. Ne
se laissant pas abattre, le maréchal se tourne alors vers la sage-femme du
village. Cela va jaser au village.
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Bon à savoir

Le mot italien « fantasia » signifie en français « imagination »
Le village du film, Sagliena, n’existe pas en réalité.
Il existe deux suites à ce film : « Pain, Amour et Jalousie » (Dino Risi –
1954) avec Gina Lollobrigida et « Pain, Amour, ainsi soit-il » (Luigi
Comencini – 1955) avec Sophia Loren.
On peut classer ce film dans la catégorie du néoréalisme rose car il
s’éloigne, comme beaucoup d’autres réalisations italiennes de cette
époque, des préoccupations et des inquiétudes sociales sans écarter
définitivement les classes défavorisées et le monde du labeur. Les
comédiens deviennent des stars et leurs noms seuls sont des garanties
pour le remplissage des salles.

Pourquoi « rose » ?
Parce que c’est la couleur associée au bonheur, à l’amour donc à la joie et
à l’insouciance.
Parce que c’est un peu de rouge qui aurait pâli, symbole du renoncement à
la plupart des idéaux politiques

C’est vers le début des années ’60 qu’un certain nombre de réalisateurs et
scénaristes vont à nouveau développer des considérations sociales et
politiques.

Gina Lollobrigida

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Gina Lollobrigida est une actrice italienne née en 1927. Elle fait des
études au Lycée artistique de Rome. Elle rêvait d’être sculptrice. Elle fait
ses premiers pas en tant que figurante, à Cinecitta, en 1946 (« L’Aigle
noir ». En 1947, elle participe à des concours de beauté. Elle décroche
ses premiers petits rôles : « La Danse de mort » (M. Cravenne – 1948). Son
physique pulpeux est mis en valeur dans des productions populaires (« I
Pagliacci – 1949). Après un détour bref par Hollywood, elle revient en
Italie où elle tourne dans des films plus engagés (« Dans les coulisses » –
Steno et Monicelli – 1950). En 1952, elle tourne trois films qui feront d’elle
une diva internationale : « Fanfan la Tulipe » (Christian-Jaque), un épisode
d’ « Heureuse Epoque » (Blasetti), « Belles de Nuit » (René Clair), dans
lesquels elle aura Gérard Philippe comme partenaire à deux reprises.
C’est en 1953 qu’elle sera la Bersegliera dans « Pain, Amour et Fantaisie ».
Elle tournera aussi pour John Huston (« Plus fort que le diable » – 1954).
On se souviendra d’elle dans le film de Carol Reed « Trapèze » – 1956, et
surtout dans « Notre-Dame de Paris » (Jean Delannoy – 1956).

Hollywood lui tend les bras : « Salomon et la Reine de Saba » (King Vidor –
1959), « La Proie des Vautours » (John Sturges -1959). Son personnage de
la fée aux cheveux bleus dans le film « Les aventures de Pinocchio »
(Comencini – 1972) est très remarqué.

Elle est également une photographe talentueuse et excelle aussi dans la
sculpture. Elle reste un des mythes italiens les plus fascinants, qui a
compté dans l’évolution des mœurs sexuelles et dans l’affirmation nouvelle
de la femme hors des cadres traditionnels.

 

Portrait of GINA – Viva Italia – 1958

 

En 1955, Orson Welles réalise une série de petits films produits pour la télévision britannique.  Malgré la dimension internationale de son titre (Around the world with Orson Welles), la série est tournée exclusivement en Europe.  Nous voyageons ainsi de Paris (Saint Germain des Prés) à Vienne (Revisiting Vienna) en passant par Londres (London) ou le Pays Basque (The Basque Countries)…  Occasions pour le producteur de surfer sur le succès du film « Le Troisième Homme » et pour Welles de nous faire découvrir les us et coutumes des lieux de tournages.

L’Italie ne pouvait être oubliée.  Mais Welles a peu de goût pour un reportage purement photographique qui ne filmerait que les merveilles antiques de la péninsule.  Aussi l’épisode italien sera une quête de Gina Lollobrigida, actrice resplendissante quelques années plus tôt dans « Fanfan la Tulipe » aux côtés de Gérard Philippe.  Les journalistes français avaient clamé leur admiration pour le physique parfait de la Belle par cette tirade : « Chers Italiens, reprenez Brigida et laissez-nous … ses lolos !!! »

Dans ce portrait de Gina, Welles reprend une des caractéristiques du film « Le Troisième Homme » dont il fut le héros.  On en entend beaucoup parler mais on le voit peu à l’écran.  Gina n’apparaîtra donc que dans les 4 à 5 dernières minutes de l’épisode italien commandé pour la télévision britannique.  Avant, Welles évoquera la tarentelle, Caruso, Vittorio de Sica, la gestuelle manuelle des Italiens, en compagnie de sa troisième épouse, Paola Mori, italienne d’origine.

L’originalité cinématographique de ce petit film est qu’il n’a jamais été projeté dans une salle de cinéma en Belgique et qu’il n’a pas (encore ??) été gravé sur DVD.  En effet, après sa réalisation en 1958, Welles quitte l’hôtel Ritz de Paris pour un autre projet artistique.  Les 3 bobines (26 minutes) restent dans les caves du prestigieux hôtel jusqu’au début des années ’80 ou un producteur français les récupère.  Aucun n’ayant-droit ne se manifestant, le film n’ayant qu’une seule copie et pas de copyright, le producteur devient légitimement découvreur et donc légitime propriétaire.  Le film sera projeté en septembre 1986 au Festival de Venise, en présence de Gina Lollobrigida qui estime après la projection que son portrait est peu flatteur et entre dans une colère noire.  Orson Welles –décédé en octobre 1985- n’est plus là pour se défendre et légitimer son œuvre cinématographique.  Ah, le sacré tempérament des belles Italiennes.

Venez donc découvrir avec nous –avant notre projection mensuelle- du film « Pain, Amour et fantaisie » de Luigi Comencini, ce documentaire inédit d’Orson Welles et quelques plans d’un des plus beaux cadeaux cinématographiques de la péninsule italienne : Miss Gina Lollobrigida !

 

PS : Le film sera présenté dans sa langue d’origine (anglais) sans sous-titrage.