Le film du mois

À notre programme ce mardi 29 octobre 2024

Au Delta – Av. Fernand Golenvaux 18, 5000 Namur – 20h00

MUSTANG

Mustang est un film dramatique germano-franco-turco-qatarien réalisé par Deniz Gamze Ergüven, sorti en 2015.  Basé sur un scénario de Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour.  La musique a été composée par Warren Ellis.  A la photographie,  David Chizallet et Ersin Gök.  Le montage du film est dû à Mathilde Van de Moortel et le son résulte d’une collaboration d’Ibrahim Gök, de Damien Guillaume et d’Olivier Goinard.  Les costumes ont été créés par Selin Sozen.

C’est un drame d’une durée de 97 minutes.

Deniz Gamze Ergüven

Les interprètes

Les 5 sœurs

Güneş Nezihe Şensoy : Lale, la benjamine ;  İlayda Akdoğan : Sonay, l’aînée ;  Tuğba Sunguroğlu : Selma, la deuxième ;  Elit İşcan : Ece, la troisième ;  Doğa Zeynep Doğuşlu : Nur, la quatrième.

Ayberk Pekcan : Erol, l’oncle ;  Nihal Koldaş : la grand-mère ;  Burak Yiğit : Yasin, le chauffeur-livreur ;  Bahar Kerimoglu : Dilek, l’enseignante ;  Enes Sürüm  : Ekin, le petit ami de Sonay.

Le synopsis

Cinq sœurs orphelines sont élevées par leur grand-mère dans un village du nord de la Turquie, à 1 000 km d’Istanbul. C’est l’été et le dernier jour de l’année scolaire. On dit adieu aux professeurs. Lale, la benjamine, est désespérée de quitter sa professeur préférée, qui part à Istanbul.

Les soeurs rentrent chez elles par le bord de mer, en compagnie de camarades de classe et, dans la joyeuse inconscience de la fin des cours, se livrent avec eux, dans l’eau, tout habillées, à une chicken fight : juchées sur les épaules des garçons, les filles s’affrontent pour se faire tomber. Mais les ragots du village les précèdent chez elles. Leur jeu innocent a été jugé obscène. Cédant à la pression sociale, la grand mère les corrige une à une, à leur grande stupeur. Son fils, l’oncle Erol — très à cheval sur un patriarcat qui se drape de tradition, de morale et de religion — reproche violemment à la grand-mère une éducation trop laxiste. Les aînées se voient imposer de subir à l’hôpital un examen d’intégrité hyménéale. Et la maison se transforme rapidement en prison : robes austères, informes et « couleur de merde3 », plus d’ordinateur ni de téléphone, plus de sorties, mais des cours de cuisine et de ménage. A la rentrée, plus d’école. Chaque tentative de libération des jeunes filles entraîne une surenchère des parents : les portes sont fermées à clef, les murs d’enceinte sont rehaussés, bientôt viennent les grilles et les barreaux aux fenêtres.

La benjamine, Lale, passionnée de football, sollicite de l’oncle Erol l’autorisation de venir avec lui à un match. Erol refuse : c’est dangereux, ce n’est pas la place d’une femme. Effectivement, des violences meurtrières entre supporters interrompent le match. En réaction, la Fédération de Turquie de football décide que le prochain match sera joué non pas à huis clos, mais devant un public exclusivement féminin. Cette fois, toutes les filles du village y vont, la municipalité ayant affrété un car. Les cinq soeurs font le mur et réussissent à rattraper l’autocar, qu’elles avaient manqué, avec l’aide de Yasin, un jeune camionneur-livreur que l’audacieuse Lale a pris d’assaut. ….

Bon à savoir

Traits de la condition féminine évoqués dans le film :

La Turquie est l’un des pays d’Europe qui envoie le moins ses filles dans l’enseignement supérieur : seulement 49,9 % des Turques en âge de s’inscrire, sont inscrites dans l’enseignement supérieur contre 68,7 % dans l’Union européenne, en 2016, 26 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.

La Turquie, qui avait été la première à ratifier en 2012 la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique annonce s’en retirer le 19 mars 2021. Selon l’association « Nous mettrons fin aux féminicides », les meurtres de femmes ont augmenté ces dernières années et atteint 300 en 2020.

De nombreuses distinctions après un accueil critique très positif :

    Festival de Cannes 2015 : Label Europa Cinema (sélection Quinzaine des réalisateurs3)

    Festival international du film d’Odessa 2015 : Duc d’or du meilleur film

    Festival international du film de Stockholm 2015 : prix du meilleur scénario

    Prix LUX du Parlement européen 2015

    Festival international du film de femmes de Salé 2015 : Prix du scénario

    Prix du cinéma européen 2015 : Prix découverte – prix FIPRESCI

    César 2016 :

        Meilleur scénario original

        Meilleur montage

        Meilleure musique

        Meilleur premier film

    Festival du film de Sarajevo : meilleur film


Deniz Gamze Ergüven

1978 –

Deniz Gamze Ergüven, née le 4 juin 1978 à Ankara en Turquie, est une réalisatrice, scénariste et actrice franco-turque.

Elle se fait connaître du grand public grâce à son film Mustang, sorti en 2015. Depuis 2016, elle est membre de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS).  Deniz Gamze Ergüven est la fille d’un diplomate turc qui a travaillé pour l’UNESCO et l’OCDE. Elle grandit entre Paris (où sa famille s’installe alors qu’elle a six mois) et Ankara puis les États-Unis. Elle s’installe définitivement en France dans les années 1980. Après avoir obtenu une maîtrise d’Histoire africaine à Johannesbourg pour entreprendre une thèse d’anthropologie, Deniz Gamze Ergüven intègre la Fémis en 2002 et sort diplômée en réalisation en 2006.

Mustang, son premier long-métrage sorti en 2015, se déroule dans une famille turque et remporte un succès critique, lui valant le César du meilleur premier film et le César du meilleur scénario original à la 41e cérémonie des César en 2016. Il est aussi nommé à l’Oscar du meilleur film étranger.

En décembre 2016, à Hollywood, elle commence le tournage de Kings, un film en projet depuis une dizaine d’années sur les émeutes de 1992 à Los Angeles avec Halle Berry et Daniel Craig. Il sort en avril 2018 en France.

En 2017, elle est conviée par le Centre national du cinéma et de l’image animée à participer à une commission de cinéastes chargée de sélectionner le film qui représentera la France à l’Oscar 2018 du meilleur film en langue étrangère.

Elle remplace le réalisateur anglais Joe Wright pour tourner The Lifeboat, un film dans lequel l’actrice américaine Anne Hathaway tiendra l’un des rôles principaux.

Pendant le montage de Mustang, elle donne naissance à un garçon, Gary, et se marie avec le père, un journaliste indépendant français, à Istanbul. Elle vit aujourd’hui entre Paris, Los Angeles et la Turquie. De parents divorcés, elle a une sœur qui s’appelle Zeynep. Elle dit en 2015 : « Je ne suis pas quelqu’un qui regarde la Turquie de l’extérieur ; sur le plan culturel je me sens française mais mes histoires ne concernent que la Turquie ».  Après deux refus mal vécus, elle finit par obtenir la nationalité française après le succès de son premier film. Elle dira à ce sujet : « Il a fallu un mari français, un enfant français et un succès professionnel » 

Deniz Gamze Ergüven accepte d’être qualifiée de féministe mais ne se considère pas pour autant militante. Elle s’est par exemple impliquée dans le mouvement protestataire de 2013 en Turquie contre le pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan — actuel président de la République mais à l’époque Premier ministre — pour notamment une plus grande émancipation des femmes turques. Finalement, elle regrettera que les opposants ne se soient pas fédérés « pour constituer une opposition crédible et efficace »